« Que veux-tu savoir ? »

« Êtes-vous réel ? »

«Est-ce si important pour toi ? »

Elle ne parvenait pas à y croire. Une jeune femme se tenait devant elle, la silhouette auréolée d'une aura bleuâtre, les cheveux flottant tout autour de son visage comme s'ils étaient portés par leur propre énergie. Ses yeux étaient d'un blanc opaque s'était posés sur Ginny, la transperçant sans qu'elle ne puisse s'y dérober. Elle aurait dû en être effrayé mais ne pouvait s'y soumettre. Captivée par sa forme, son aura, elle quitta doucement le lit qu'elle occupait un instant auparavant et s'avança lentement vers l'apparition qui se dressait au cœur de son dortoir.

Ses camarades étaient profondément endormies près d'elle et ne semblaient n'avoir cure de ce qui était actuellement en train de se dérouler à quelques mètres d'elles. Ginny, elle-même, aurait eu du mal à y croire si elle ne s'était pas discrètement pincée en voyant la forme translucide se promenait autour d'elle et se posait à quelques pas de son lit.

« Suis-je la seule à pouvoir vous voir ? »

Elle se rendit seulement compte qu'elle n'avait pas eu besoin de parler, que ses lèvres n'avaient pas eu à bouger. Elle palpait doucement sa bouche afin de s'assurer qu'il n'y avait là aucun problème.

« Ne t'inquiète pas. C'est normal. Je suis moi-même une Elue. De ce fait, nous n'avons pas besoin de parler. Nous pouvons lier nos pensées »

« Qui êtes-vous ? Que vous est-il arrivé ? Êtes-vous un fantôme ? »

Elle eut un rire sourd qui ne parvint pas à ses oreilles comme si un verre les séparait mais Ginny l'imaginait claire. C'était un sentiment étrange. Elle l'avait l'impression de l'avoir déjà entendu. C'était peut-être lié à tout cela, à ce que ce lien qui semblait la lier à cette forme.

« Mon nom est Maeyenne. Je suis une sorcière qui a vécu lors de l'Ascension de Grindelwald. J'étais l'une des premières à m'opposer à lui. Enfin, nous l'étions mon époux et moi-même. Nous avons péri tous deux de sa main. »

Les yeux de l'aura se fermèrent un instant et ses traits se crispèrent brièvement comme si la simple pensée de cette perte lui était douloureuse. Elle les rouvrit très vite, alerte. Le cœur de Ginny eut un raté à cette explication. Elle sonnait comme un rappel de sa propre destinée.

« Votre époux était aussi Elu ? »

« Non. Il était mon Promis. Il se battait à mes côtés au péril de sa vie. Il a tenté de me protéger jusqu'à son dernier souffle mais Grindelwald était si puissant, si impétueux ».

« Je suis désolée »

« Ne le sois pas. C'est notre destinée de nous sacrifier pour le plus grand bien »

Ses mots lui rappelèrent ceux-là même qu'avait prononcé Harry dans le bureau de leur directeur. « Le plus grand bien », cette expression même que Grindelwald utilisait pour définir sa propre cause. Ginny baissa les yeux un instant vers le sol, ramenant doucement ses bras contre elle, les nouant sur sa poitrine comme un bouclier protecteur. Elle les releva alors vers l'aura devant elle, souhaitant en savoir davantage mais craignant également les réponses qui lui seraient données.

« Tes pensées sont embrouillées. Ne crains pas de les énoncer. »

« Pourquoi êtes-vous là ? »

« Pour te préparer. »

« Comment ? »

« Même si tes poings seront tes meilleurs armes, même si combattre ton ennemi par le glaive te permettra de survivre, tu ne viendras à bout d'aucun duel si ton esprit ne te suit pas. Il te faut ériger des barrières qui te permettront de te prémunir contre toute forme d'attaque »

Ginny ne savait que dire. Tout cela lui semblait si insensé. Et pourtant, elle était bien en train d'entendre ce que Maeyenne venait de lui dire. Y parviendra-t-elle seulement ?

« Comment allons-nous procéder ? »

« Fermes les yeux, Ginny »

« Je me demande déjà s'ils sont ouverts »

L'ombre sembla rire un instant, ce qui tira un sourire à Ginny avant qu'elle ne s'exécute. La voix retentit plus fortement dans sa tête.

« Que voix-tu ? »

« Rien »

« Concentres toi »

La jeune sorcière fronça les sourcils, essayant de percevoir quelque chose dans la vaste obscurité qui l'entourait. Sous l'effort, c'étaient des étoiles qu'elle avait conjurées.

« Toujours rien. Que suis-je censée voir ? »

« Ce n'est pas à moi de te le dire. Bon sang »

« Comment voulez-vous que je trouve quelque chose si je ne sais pas ce que je suis censée trouvée ? »

Elle percevait la frustration de la voix et risqua un coup d'œil vers celle-ci, constatant effectivement son air moribond. La jeune fille eut un soupir avant de reprendre l'exercice. Elle essaya de se vider l'esprit, espérant ainsi que quelque chose ne survienne. Elle demeura ainsi un moment avant d'abandonner.

« Désolée, mais je ne vois rien. »

« Tu ne fais aucun effort »

Maeyenne avait « dit » cela sur un ton plutôt calme, aucune trace de colère n'y pointait contrairement à ce qu'aurait pu croire Ginny. Elle aurait aimé pouvoir la satisfaire mais ne voyait pas comment. Elle retenta l'expérience cependant, afin de signifier sa bonne volonté. Elle ferma lentement les yeux et prit une profonde inspiration.

La familière obscurité l'envahit de nouveau. Cette fois-ci, elle préféra ne pas se concentrer sur celle-ci mais plutôt sur l'aura à ses côtés. Attentive à chaque onde qui émanait de celle-ci. Il lui fallut un moment pour saisir une très faible lueur à peine visible qui se levait derrière ses paupières. Celle-ci s'éteignit aussitôt.

« Tu dois maintenir le lien »

« Qu'est-ce que c'était ? »

« Un bouclier…ou du moins ce qui devrait être un bouclier »

« Un bouclier ? Je ne comprends pas »

« Tu verras. Réessaies »

Ginny eut un soupir. Une longue soirée s'annonçait.