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Il aurait pensé qu'être Chef des Aurors l'aurait permis de pouvoir se soustraire à un certain nombre d'activité, notamment la rédaction de rapport qu'il aurait aimé déléguer à un bleu.


Et pourtant il savait qu'il n'aurait pu en être autrement. Surtout ce type de rapport. La nuit dernière, il avait été appelé suite à la découverte d'un événement macabre. Un voisin aurait été attiré par l'odeur du cadavre en putréfaction de sa vieille voisine à Birmington. Celle-ci n'avait pas été vue depuis un moment avant que son voisin soucieux ne décide de voir ce qu'il en était.


Harry Potter n'avait pu que constater l'horreur dès son arrivé. Elle avait été morcelée, la chaire à vif et avait succombé de ses blessures. Son assassin l'avait laissé souffrir, choisissant l'option du mort lente et silencieuse. Plusieurs hypothèses avaient été lancées sur ce sujet mais aucune ne lui paraissait cohérente. Elle était d'une famille de sang-pur, dernière de sa lignée, n'avait jamais été mariée, n'avait pas d'enfant. Aucun membre à contacter. La victime en somme idéale si ce n'était qu'elle menait une vie banalement ordinaire. Elle était décrite de tous comme charmante mais assez solitaire. Elle était appréciée par son voisinage mais sans plus.


L'implication des Mangemorts, ces sbires de Lord Voldemort, n'avait pas encore été écartée mais Harry ne parvenait pas à percevoir l'intérêt qu'ils auraient eu à détruire cette pauvre femme, bien qu'il ne fallait généralement pas de mobile à ces êtres. Cela ne collait cependant pas avec leur mode opératoire. Pourquoi morceler cette femme plutôt que de lui infliger le sortilège fatal ?


Il leva les yeux des photos de la scène de crime lorsqu'il sentit le médaillon qu'il tenait inconsciemment à sa main, se mettre à chauffer. C'était une invention d'Hermione Granger pour prévenir les membres de l'Ordre sans avoir à utiliser des canaux traditionnels. Il s'agissait d'un objet facilement dissimulable, discret d'un bronze sale, scellé d'un phénix. Il était affecté à chacun des membres dès sa création, reconnaissant son propriétaire par un simple toucher, une mémoire tactile. Sa meilleure amie n'avait eu de cesse d'œuvrer à améliorer les process au sein de l'Ordre, le rendant plus fort, plus efficace.


Il se redressa alors, saisissant son manteau au passage. Il se plaça au centre de son bureau et empoigna fermement son médaillon. Il disparut alors dans un plop à peine audible.


Lorsqu'il ouvrit ses yeux, Harry se retrouva dans un bureau ovale bien trop connu où il avait tenu des conversations interminables avec le maître des lieux, certaines si dissonantes. Il s'avança parmi les bibelots et autres objets bien étranges d'Albus Dumbledore pour le trouver en pleine contemplation de Fumseck, son phénix. Il ne cilla pas à l'arrivée du jeune homme bien qu'il en eut perçu la présence, préférant attendre qu'il prenne place, ce qu'il fit sans tarder. Depuis bien longtemps, ils avaient mis de côté un certain nombre de cérémonial, Harry étant un grand visiteur de ces lieux.


Ce dernier attendit patiemment que le directeur n'engage leur rencontre. C'était une espèce d'accord tacite qu'il passait. C'était à lui de commencer. Son regard se promena vers le majestueux animal et inconsciemment il caressa, de son pouce, le sceau qui ornait son médaillon toujours dans sa paume. Il avait tant l'habitude de l'avoir qu'il en oublia parfois son existence. Il ne faisait presque plus attention.


_Merci d'être venu aussi vite, Harry. J'imagine à quel point tu dois être occupé.


_Il est normal, Albus. A dire vrai, la distraction était bienvenue. J'étais coincée.


_Comment ça ? S'enquit le directeur en se tournant vers lui.


Ses yeux brillaient de curiosité derrière ses lunettes en demi-lune qui vacillait sur son nez aquilin. Le vieil homme avait certes atteint un certain âge mais son âme demeurait celle d'un enfant et cela ne se reflétait que dans ses prunelles.


Harry eut un sourire avant de pointer de son index, sa tempe. Albus le lui rendit tout en s'installant sur son fauteuil, concentrant toute son attention vers son jeune prodige. L'admiration qu'il portait à l'homme devant lui n'avait d'égal que celui que ce dernier lui vouait. Il l'avait recueilli, à la mort de ses parents, l'avait mené à son parrain et avait assuré son éducation, sa formation jusqu'à ce qu'il rejoigne l'équipe des Aurors. Il n'avait pas souhaité qu'il suivre sa scolarité à Poudlard. Ce lieu risquait de limiter les capacités que possédait l'enfant qu'il était. Il avait eu pour professeur, chaque membre de l'Ordre, bénéficiant du soutien de Miss Granger, la meilleure élève de Poudlard avec qui il se lia d'amitié.


Il n'eut pas une enfance ordinaire certes mais comment cela aurait-il pu en être autrement ? Il était voué à accomplir des miracles. Albus ne regrettait donc en rien les choix qui les avaient menés jusque là et espérait au fond de lui que le jeune homme non plus.


_Je comprends ce sentiment. Il m'a maintes fois habité. C'est pourquoi je t'ai toujours conseillé d'acquérir une pensine. Celle-ci t'assurera une certaine quiétude.


_Bénéficier d'une quiétude me semble être un luxe qui ne saurait m'être permis en ce moment, répondit le jeune homme, en secouant la tête brièvement.


_Souhaites-tu en parler ?


_Non, juste une affaire sur laquelle je me penche actuellement. Dites moi plutôt ce qui m'amène ici.


_Effectivement. Je n'abuserai pas davantage de temps, j'irais donc droit au but. Je souhaiterais que tu deviennes le nouveau Professeur de Défenses contre les Forces du Mal, cette année.


Le jeune homme haussa un sourcil, intrigué. Pourquoi le directeur ferait-il appel à lui sachant qu'une armada de gens plus expérimentés dans ce domaine, tous membres l'Ordre, serait ravie d'en être le récipiendaire ?


Il attendit cependant qu'Albus poursuive, attentif à la suite.


_Tom Jédusor ne cesse de gagner en force et nous ne pouvons éternellement laisser ces jeunes gens dans l'ombre. Ils ont besoin d'être entraînés. Ton vécu, tes expériences, tes rencontres avec Voldemort seraient leur meilleur enseignement.


_Sont-ils seulement prêts, Albus ? Nous parlons d'enfants.


_Des enfants ayant perdu plus d'un être cher, affectés chaque jour davantage par les Ténèbres qui nous entourent. Nous ne sommes plus en mesure de les protéger. Nous devons leur apprendre à le faire en dehors des murs de cette institution.


Harry opina, lui-même convaincu de cela. Il était vrai que cela serait plus que nécessaire. Cependant, une question demeurait.


_Pourquoi ne pas choisir Rémus, Shackelbot ou même Bill ?


_Parce que tu représentes un symbole, Harry. La Résistance. Celui-Qui-A-Survécu est devenu Chef du bureau des Aurors et un des rares sorciers a avoir combattu Voldemort plus d'une fois. Il décide aujourd'hui d'enseigner les jeunes sorciers de Poudlard.


_Vous auriez dû travailler à la Gazette, Albus. Vous avez un certain goût pour le sensationalisme. Cependant, vous avez raison.


Les deux sorciers opinèrent avant de tourner, de concert, leur regard vers Fumseck.

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