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Le retour du Mage Noir obligea l'Ordre du Phénix à démultiplier ces lieux de rencontre afin de brouiller les pistes, de ne pas maintenir un mode opératoire qui les trahirait. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent au crépuscule levant au cœur de la Forêt de Brocéliande.


Là, dans une maison à l'apparence délabrée, protégée par les sorts d'éloignement élémentaires, de discrétion nécessaires, se réunirent les membres de l'Ordre, sous la présidence d'Albus Dumbledore.


La séance était levée depuis peu après que chacun eut fait un rapport détaillé des activités qui lui étaient assignés. Hermione Granger tenait lieu de rapporteur et s'assurait d'avoir un compte rendu précis et concis qui leur permettrait d'établir leurs prochains plans d'action. Harry se tenait à ses côtés, à la droite directe de Dumbledore, une place que tout acolyte présent lui reconnaissait. Il était le plus à même de seconder et succéder l'illustre sorcier. Et chacun des membres présents était prêt à lui devoir loyauté à l'instar de ce qu'ils avaient toujours manifesté au premier.


Alors que la plupart des sorciers commençaient déjà à quitter les lieux, un nombre restreint, par un accord tacite, demeurait. Le départ d'Elphias Dodge sembla marquer la fin de leur léthargie.


_Qu'en est-il réellement de l'incident sur l'Allée des Embrumes ? S'enquit Hermione


_Un sympathisant de la Résistance s'est fait assassiné par un Auror, répondit Ron, en lui tenant la main tendrement.


L'impact de cette nouvelle n'était pas anodin. Cela ne pouvait signifier qu'une chose le Bureau était corrompu. Ce qu'il ne pouvait être révélé au grand public, notamment aux autres membres de l'Ordre. Cela provoquerait une panique sans nom. Une de leurs barrières protectrices tombait brusquement sous leurs yeux.


_Nous avons réussi à camoufler l'affaire en prétendant une simple bagarre d'ivrogne, mais nous ne sommes pas à l'abri d'un scandale, ajouta Seamus Finnigan, le rédacteur en chef de La Gazette du Sorcier.


_Avons-nous pu identifier le coupable ? Reprit Minerva


_Oui, il subit actuellement un interrogatoire, l'informa Kingsley avec un sourire carnassier.


Il dirigeait au sein du Bureau des Aurors la milice la plus secrète et la plus entraînée. Une véritable armée, camouflée au sein du Ministère de la Magie, connue du cercle restreint présent ce soir.


_Un vrai sadique, murmura Sirius à Rémus, s'attirant un regard noir de Kingsley.


Sirius eut un léger recul, ce qui amusa Rémus.


_Avons-nous une idée de ses motivations ? Demanda Nymphadora Tonks.


_Pas encore, c'est en cours de traitement. Nous devons cependant être vigilant. Cet acte peut être isolé comme il peut nous signifier que nous abritons en notre sein quelques ennemis, expliqua Ron.


Albus observa le jeune homme qui ne disait mot à ses côtés. Ses expériences l'avaient rendu si silencieux, si fermé. Il était bien loin de l'enfant farceur qui avait grandi auprès de son parrain et de son meilleur ami. Albus regrettait tant de lui imposer autant mais très tôt, il avait dû accepter ce sacrifice. Il ne pouvait en être autrement.


_Qu'en penses-tu Harry ?


_Attendons les conclusions de la Milice avant de nous prononcer. Veuillez m'excuser, je dois préparer un cours, énonça-t-il avant de prendre congé.


_ Excusez-nous, Professeur, s'esclaffa Seamus.


_Aurais-tu donner une retenue à une jeune demoiselle ? Torride, jeune homme, renchérit Sirius.


_Tu es horrible, Sirius, s'exclama Hermione


_Pourquoi ne pourrait-il pas profiter des avantages de sa nouvelle fonction ? Rétorqua Ron, se prenant une tape à l'arrière de son crâne par sa tendre épouse.


_Effectivement, rappelles-moi, ta sœur n'est-elle pas une de ses élèves ? Reprit Sirius, hilare.


Cela provoqua le rire du groupe et tira un rictus amusé d'Harry alors qu'il quittait les lieux. Il fut certain d'entendre un cri de douleur émané de son parrain alors que son meilleur ami eut raison de lui.


-SA-


« Es-tu prêt, Harry ? Il s'approche…Il arrive…Il est presque là »


Il tournait en rond…Il tournait en boucle. Il se trouvait dans une large salle sombre, illuminée par l'unique pénombre des baies vitrées recouvertes de rideaux en lambeaux. Un escalier surplombait la salle et tournoyait sur lui-même avant de s'arrêter devant le jeune sorcier. Au-delà de celui-ci, il apercevait plusieurs couloirs où il lui était impossible de voir davantage que leur entrée.


« Nous n'attendions plus que toi »


Ses voix se répétaient dans un écho infernal. Il en perdait le fil. Cela lui provoquait une terreur sans nom qui lui saisissait l'échine. Des rires suivirent ces mots alors qu'il se retournait en tout sens pour essayer de saisir son interlocuteur.


« Etait-ce judicieux de le marquer ? Il me semble un peu perdu »


Une tonalité plus féminine imprégnée celle-ci et semblait surgir d'au-dessus son épaule.


_Qui…Qui êtes-vous ?


Il peinait à former une phrase cohérente comme si cela lui nécessitait un effort surhumain pour émettre ces simples mots. Son esprit était si embrumé comme s'il n'était pas vraiment là. Comme si tout ceci n'était réel.


« C'était écrit. Nous ne pouvons à présent qu'attendre… »


Cette voix siffla à son oreille, lui arrachant un frisson. Elle lui semblait familière. Il la connaissait mais ne parvenait à identifier où il l'avait déjà entendu.


Une bourrasque de vent s'éleva alors faisant virevolter les lambeaux de tissu qui le frôlèrent, le lacèrent, lui arrachant un gémissement de douleur. Il vit alors que des balafres sanguinolentes parsemaient son bras.


Il s'éloigna en courant des lames qui le poursuivaient alors, le forçant à escaler les marches de l'escalier devant lui qui se mit à se mouvoir, l'empêchant d'accéder au palier suivant. En levant les yeux, il se rendit compte qu'il n'y en avait pas.


« Doit-on commencer ? »


Ses mots furent prononcés par une tierce personne plus âgée, plus blasée mais elle semblait plus éloignée. Il ne parvenait plus à se maintenir à cette réalité. Elle paraissait vouloir l'étouffer, le noyer dans son obscurité.


« C'est maintenant ou jamais »


Un éclair jaillit de nulle part et transperça le jeune homme.


Harry se réveilla alors en sursaut de son lit à Poudlard, seul, prise au piège de son propre effroi. Son t-shirt lui collait à la peau alors qu'il s'asseyait et prenait sa tête entre ses mains. Il respirait doucement, espérant calmer les battements de son cœur avec pour seul compagnon, le cliquetis régulier de l'horloge en face de lui.


Il prit un moment pour se calmer, essayant de se resituer en ces lieux, de reprendre ses esprits. La première fois que cela lui était arrivé, il n'avait pu fermer les yeux de la nuit. Il prenait l'habitude depuis et finissait presque par ne plus s'en formaliser.


Il finit alors par se recomposer et émit un long soupir. Il apercevait en face de lui le lac de sa fenêtre, brillant sous les rares lueurs de la lune de cette nuit. Instinctivement, il caressa sa cicatrice, indolore en cet instant. Il savait très bien que Voldemort n'était pas à l'origine de ces songes mais ne parvenait pas à comprendre pourquoi il les subissait.


Il ne savait pas s'il s'agissait d'un avertissement, d'un présage ou simplement de la conséquence de son esprit délirant.

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